Au CSE extraordinaire UES Axa IM du 4 décembre dernier, l’Ugict-CGT a rendu un avis DÉFAVORABLE sur le projet d’intégration de l’équipe Real Estate Investment Trusts (« Reits », prononcé comme « frites ») d’Axa Framlington Equities à la société Axa Reim SGP. Ce projet implique le transfert des salariés actuellement en open space au 13e étage avec les autres gérants actions d’Axa IM, au 19e étage dans un petit local vitré, isolé de l’open space avec la grande majorité des salariés Reim travaillant sur les informations privées. L’Ugict-CGT était le seul syndicat à rendre un avis DÉFAVORABLE, bien que notre avis a été partagé par 6 élus sur 18. Au delà du manque d’intérêt économique et financier pointé par l’expert désigné par le CSE, l’Ugict-CGT redoute l’isolement des salariés voulu par la direction pour soi-disant « satisfaire le régulateur ». C’est le monde à l’envers chez Axa Reim SGP : ce sont la grande majorité des salariés travaillant sur la gestion des actifs privés (environ 60) qui sont en open space, alors que les salariés travaillant sur la gestion d’actifs publiques (une dizaine) sont mis en bocal. Si un dispositif de badgeage particulier a été installé autour de tous les 70 salariés d’Axa Reim SGP, il n’y a pas de réel sécurisation entre équipes de gestion privée et de gestion publique, la porte du « bocal publique » restant ouverte… Les salariés transférés retrouveront un espace de seulement 5,14 m2 par poste de travail, par rapport au norme Afnor d’un minimum de 10 m2 dont ils bénéficiaient avant la réorganisation au 13e étage ; aucune information n’a été donnée par la direction concernant l’ambiance thermique, l’éclairage, la qualité de l’air, les nuisances sonores … C’est d’ailleurs contradictoire que dans une entreprise prônant le « One Axa IM », le « Flexwork » et le « Travail Agile » que les salariés sont isolés des autres dans le seul but de tromper le régulateur …
Avis sur le projet d’intégration de l’équipe REITS au sein d’AXA REIM SGP :
Constats du CSE
La direction a su faire montre de bonne volonté en laissant aux élus le temps nécessaire à leur réflexion et en permettant à leur expert, la SACEF, de les épauler dans l’analyse de ce dossier. Le CSE remercie donc la direction pour ces efforts qui favorisent un dialogue de bonne tenue.
En revanche, ils doivent regretter que les informations aient été si difficiles à rassembler et que, malgré les efforts consentis par tous, elles restent aussi parcellaires.
Les raisons du projet ne semblent pas démontrées
Le moteur du projet consisterait en une meilleure coopération des personnels concernant
- l’évaluation des actifs sous gestion,
- la conception des produits à proposer aux clients.
L’entreprise en espère un gain de revenus tiré à la fois d’une captation plus efficace de la clientèle de tiers et d’une consolidation de la clientèle existante.
Cependant, la direction n’a pas été en capacité, malgré les nombreux échanges sur cette vision business, de produire une estimation de ces gains de revenus. Cela empêche les élus de mesurer les gains attendus de ce projet et de les confronter à ses aspects négatifs.
La manière dont ces synergies seraient dégagées n’est pas démontrée
L’injonction paraît contradictoire : la direction nous explique que rien ne change pour les salariés, à part la dénomination de leur employeur et l’étage de leurs bureaux, mais on attend d’eux une meilleure coopération, qui ne tiendrait qu’au rapprochement physique des équipes.
Aucune vision d’organisation du travail ne permet de mesurer comment les personnes vont travailler mieux ensemble dans cette nouvelle configuration et rien ne démontre que c’était impossible dans l’ancienne organisation.
Par conséquent, aucun élément tenant à l’organisation du travail ne vient démontrer la nécessité de passer par ce projet. Au surplus, aucune alternative n’a été étudiée, semble-t-il, pour rechercher si ces objectifs ne pouvaient pas être atteints autrement.
La configuration des locaux ne change pas, mais celle-ci apparaît inadaptée
La SACEF attire l’attention des élus sur un certain nombre de recommandations portant sur l’aménagement des locaux et sur l’obligation qui pèse sur l’employeur de protéger les salariés contre les risques liés à un environnement de travail inconfortable ou inadapté.
La lecture des recommandations en la matière et des réponses de la direction laissent les élus inquiets des conditions de travail qui seront celles de leurs collègues : certes, elles ne se dégradent pas, mais elles restent bien inférieures en qualité à ce que préconisent les groupes de travail sur le sujet.
Le business plan démontre que l’effet lié à la TVA est le principal moteur de Net Income dans ce projet
Les projections affichent un alourdissement des charges, mesuré, certes, mais en progression sur la période 2019-2023. Cela conduirait à un ralentissement dans la croissance de Net Income si le projet ne permettait pas à l’entreprise de désopter à la TVA, ce qui entraîne un allègement de ce poste de charges.
Comme le business plan n’intègre pas les synergies de revenus puisqu’elles ne sont pas chiffrées, les élus ne peuvent que constater le rôle central de cette désoption de TVA dans le projet présenté et les projections économiques qui l’accompagnent.
Certes, les synergies, si elles sont dégagées, ne pourront qu’améliorer les revenus. Toutefois, les projections présentées ne permettent pas d’envisager une amélioration significative de la rentabilité de l’activité, ce qui limite grandement l’intérêt économique du projet.
Le projet ne semble pas sans risque pour les salariés
Le premier facteur de risque semble être psychosocial : bien que la direction affirme que l’activité ne fera pas l’objet d’une cession ou d’une scission, la ressemblance avec des opérations de préparation à une scission reste frappante. Or, cela est susceptible de faire naître des inquiétudes chez les salariés. Et la particularité de cette inquiétude, c’est qu’elle n’a pas besoin d’être fondée pour produire des effets néfastes. Elle peut être d’autant plus intense que les salariés auront probablement autant de mal que les élus à comprendre le bien-fondé de ce projet, donc à y adhérer sans réserve, sans méfiance, sans inquiétude. Les élus ne peuvent donc qu’inviter la direction à la plus grande vigilance quant à la préservation de la santé physique et mentale des salariés concernés par ce projet.
Le second facteur d’inquiétude tient à ce que le projet entraîne une dégradation du ratio C/I, ce qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur certaines composantes de rémunération des salariés. Comme les synergies ne sont pas chiffrées, aucune assurance ne peut être donnée aux élus ni au personnel que cette opération sera neutre quant leur rémunération.
Conclusions du CSE
Par conséquent, puisque des informations cruciales pour apprécier ce projet restent manquantes, les élus sont placés dans l’impossibilité de forger un avis éclairé et motivé. Et puisque certains aspects de ces projet les inquiètent en raison des conséquences potentiellement néfastes pour les salariés, sans pouvoir mesurer si elles seraient compensées par des aspects positifs, les élus ne peuvent qu’inviter la direction à la plus grande vigilance. Les élus appellent de leur vœux un suivi régulier de la mise en œuvre de ce projet à chacune des réunions ordinaires afin de pouvoir prendre en compte de manière permanente la protection des intérêts collectifs des salariés.